mercredi 7 août 2013

Les grenouilles se suivent, mais ne se ressemblent pas...

Je me souviens, petite, d'une cassette que mon Papa m'avait ramenée d'un déplacement.

C'était une cassette bien spéciale, les fables de La Fontaine récitées jouées par Louis de Funès.

J'adorais "Fufu", je devais avoir sept ou huit ans à l'époque, et je ne ratais jamais ses films à la télévision, mais des fables?

J'étais bien loin de m'imaginer le trésor que j'avais entre les mains, je crois d'ailleurs que je ne l'ai réalisé que le jour où mon magnétophone (oui, je fais partie des dinosaures qui ont connu cet engin) a malencontreusement "grignoté" une partie de la bande magnétique.

Je me souviens surtout de son interprétation de la " Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf " .

Au début, j'avais presque de la pitié pour la pauvre grenouille, je ne comprenais sans doute pas toutes les finesses du texte, mais avec le temps, j'ai creusé, cherché ce que "pécore" voulait dire, j'ai écouté et réécouté...

Des années après, je me suis surprise, cet après-midi à rechercher le fameux texte si bien mis en scène par le génie du grand Louis.

Je me suis délectée de ce moment plein de saveur, je la voyais presque, la grenouille imbécile qui veut tellement être ce qu'elle n'est pas, la grenouille qui s'enfle et se gonfle d'orgueil à l'idée d'être aussi grosse, voire plus imposante encore que son cousin le ruminant, qu'elle en oublie toute logique et finit par éclater!

Un petit "pouf" et puis le néant... au lieu d'un petit batracien qui aurait pu vivre une petite vie paisible entouré des siens dans sa mare.

De toutes les tares humaines, l'envie est certainement une des pires.

Elle vous pousse à la destruction, faute d'atteindre les objectifs que vous vous fixez.

Au lieu de faire de votre mieux pour rendre la vie belle aux autres et à vous même, vous n'avez plus qu'une idée en tête : bouffer l'espace vital de l'autre, prendre sa place, le réduire à néant dans une course effrénée.

Rien ne vous arrête, aucun obstacle, aucune règle, le fair play? On s'en fout, on le met dans sa poche, et on met son mouchoir par dessus, bien caché, comme les scrupules et l'étique.

Au final, on finit estropié, enlaidi par l'ambition démesurée de la grenouille qui voulait...vous connaissez la suite.

Au triste destin du batracien de la fable, je préfère, de loin, celui de l'humble Kermit, petite grenouille qui elle aussi a baigné mon enfance.

Et au bruit sourd de l'orgueil qui éclate, je préfère le bonheur tout simple du petit Kermit semeur de sourires...

1 commentaire:

  1. Je suis aussi de cette ère ancienne des magnétophones, des tourne-disques, et pire encore, j'ai connu les 78 tours... :)

    Chaque fois que je viens chez vous, je me régale.

    J'aurais aussi peut-être cité les grenouilles de Graeme qui m'ont tant apporté.

    Mais bon, c'est une autre histoire.
    L'envie est une plaie...

    Passez une belle soirée. Merci encore pour ce partage.

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