Au début de l'été, j'ai croisé une glycine.
D'un bleu presque irréel, elle illuminait la rue, courant le long d'une clôture grillagée.
Des glycines, j'en vois souvent, mais celle-là était vraiment magnifique, de celles qu'on vous montre souvent, photoshopées dans les magazines chics des salles d'attentes branchées où l'on trouve toujours de superbes revues sur des maisons et jardins que l'on ne verra jamais.
Ce n'est que plus récemment, alors que toutes les fleurs avaient été décimées à coup de soleil et de pluie que j'ai vu à quoi ressemblait l'envers du décor.
A l'endroit même où se trouvait la glycine de mes rêves, je vis un amoncellement de branches (tiens, je ne sais pas si on peut vraiment parler de branches en parlant d'une glycine, c'est vrai quoi, c'est pas un arbre!) de branches tordues, entrelacées, vrillées dans le grillage.
Ces branches étaient tout sauf belles : elles étaient là, ressemblant aux croquis écarlates de corps humains, exposés sur les tableaux blafards des classes de biologie, un peu comme si on avait fait subir le sort des lapins de boucherie à un homme...
Ce qui m'a ému, chez cette plante, ce n'est pas tant de la voir dépouillée de ses fleurs, mais de voir combien il lui avait fallu souffrir pour être aussi éblouissante.
Sa chair se mêlait à la clôture, elle avait dû en faire, des efforts surhumains, pour se frayer un chemin à travers les grilles, pour passer outre les murets...
Sa vie, elle ressemblait un peu à la nôtre, parsemée d'épreuves, d'obstacles, au fil des saisons, des étés arides, des hivers rudes et des automnes plus cléments.
Sans faire de bruit, elle avait suivi son petit chemin, centimètre par centimètre, peinant, mais sans jamais se décourager.
Je n'ai pas de garantie d'être aussi belle qu'elle un jour, en fait, pour ça, je crois que c'est un peu fichu, mais ce que je garderai d'elle, de cette plante toute bête, c'est son entêtement, son courage peut-être (si, si, dans mon monde à moi, même une glycine peut être courageuse) .
Je veux, comme elle, contourner les obstacles trop imposants, pour me faire un petit chemin tranquille, un petit chemin à moi, pas celui que m'aurait imposé un jardinier zélé de magazine en papier glacé.
Et au final, j'aimerais laisser cette image tenace d'une modeste petite plante qui ne s'est pas contentée de faire la potiche sur un coin de terrasse.
tout Mr D. ne doit pas etre d'accord avec toi car tu es deja belle n'est-ce pas??
RépondreSupprimerEt puis merci pour ce beau recit.