lundi 14 octobre 2013

Bouée divine...

C'était un jour comme un autre, un jour qui n'avait rien de particulier, un samedi vers onze heures, une matinée insouciante dans ma vie de petite fille.

Je me souviens parfaitement de ce moment-là, j'étais au premier étage, dans ma chambre, mes poupées assises sagement attendaient que je leur prépare le repas avec ma dînette, il faut croire qu'à l'époque, j'aimais déjà faire la cuisine.

Je ne prêtais qu'une oreille distraite à la musique qui sortait du poste de radio que ma maman écoutait dans la pièce à côté.

J'étais à des lieues de m'imaginer que j'allais recevoir un cadeau inattendu par ondes interposées.

A l'époque - d'ailleurs, je crois que l'émission existe toujours, même si elle a dû être dépoussiérée depuis - la radio diffusait "Stop ou encore".

J'aimais la musique, comme on aime un amour de vacances, beaucoup, mais à court terme chaque morceau était remplacé par un autre, bien que, pour mon âge, j'avais déjà des goûts bien définis et ils n'allaient pas dans le sens des chansons pour enfants...

J'étais donc là, au milieu de ma chambre, lorsque je fus clouée sur place par les premiers accords d'une chanson.

Je ne sais pas pourquoi, mais l'idée qui m'est venue à l'esprit quand je l'ai entendue fut qu'elle avait été écrite spécialement pour moi, que quelque part, quelqu'un avait soigneusement choisi chaque note, chaque parole juste pour moi.

Pourtant, j'avoue que du haut de mes cinq ans, j'étais loin de comprendre les subtilités de la langue, les nuances des couplets, mais c'était "MA" chanson, ça, j'en était sûre!

Je n'imaginais pas, à l'époque, combien ces quelques notes auraient d'importance à chaque fois que je trébucherais, je n'imaginais pas quelle douceur ce serait de l'écouter lorsque mon cœur serait blessé, lorsque dans ma vie rien n'irait, lorsque les nuits seraient trop longues et les journées difficiles.

Cette chanson-là, ce cadeau, c'est ma bouée, je refuse d'imaginer un instant que c'est un simple hasard qui l'a mise sur mon chemin ce samedi matin de printemps...

C'est un hymne, c'est une main tendue, c'est tout sauf de la musique, c'est mon canot de sauvetage lorsque le Titanic commence à sombrer.

Cette chanson, c'est "Tu verras", promesse du petit taureau toulousain à la gamine que j'étais, à la femme que je suis.

Je l'écoute en boucle en ce moment, c'est sans doute pour cela que j'ai du mal à donner des nouvelles du navire.

Il parait que la quille est touchée, c'est ce que dit mon médecin, mais "tu verras, tu verras, tout recommencera, tu verras, tu verras"...alors j'attends de voir.

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