dimanche 22 septembre 2013

Un pion dans un jeu de quilles.

J'ai parfois du mal à exprimer ce que je ressens sur des sujets qui me touchent, et parfois encore plus de mal à m'exprimer sur des sujets qui touchent des personnes qui me sont proches.

J'ai la "chance" d'avoir un boulot.

Pendant que d'autres cherchent du travail (ou au moins font semblant), je me lève le matin, avec la précisions des automates, je prends le bus, dernier rempart entre mon chez-moi et le champs de foire et je pousse la porte d'une entreprise cotée en bourse (du moins je crois, la bourse et moi, ça fait deux, vu les fonds dont je dispose) .

Le fait est que chaque matin, ou midi, selon qu'on a décidé que je travaillais le matin ou le soir, je ne me sens pas "chanceuse".

Oui, j'avoue qu'au début, j'étais bien contente chaque matin, de faire quelque chose qui - me semblait-il - faisait avancer le schmilblick... 

Oui, mais ça, c'était avant...

Avant quoi, je ne saurais pas vraiment le dire, avant un certain malaise, l'intuition sournoise et persistante que quoi qu'on fasse, mes collègues et moi, nous sommes sur une planche savonneuse, comme les candidats des Intervilles de mon enfance, anonymes moutons voués à finir à l'eau dans le but de faire grimper l'audimat.

Je dois me faire à l'idée que je ne suis qu'un numéro : numéro de poste, numéro de dossier que je traite, numéro de sécurité sociale, numéro de dossier chez le RH, peut-être futur numéro de dossier chez Pôle Emploi.

Je me souviens d'un temps, pas si lointain, où le respect était encore présent dans les entreprises, où le nom des personnes comptait encore, où on connaissait la réelle valeur d'un savoir-faire, d'une personne qui était impliquée dans son travail...

Aujourd'hui, nous ne sommes plus que des pièces d'une machine, remplaçables et recyclables à souhait.

A cette différence près que si une machine tombe en panne, parce que la pièce n'a pas été entretenue, parce qu'on n'aura pas respecté les consignes d'utilisation, on demande des comptes à la personne qui était sensée veiller sur l'entretien.

A l'heure actuelle, si la machine fonctionne mal, on accuse les pièces, on force les rouages, c'est tellement plus simple de jeter un bout de métal qui vous a bien rendu service et de le remplacer par un autre tout neuf que d'entretenir et de faire durer celui qui vous a permis d'avoir un bon rendement pendant quelques années.

Nous ne sommes rien d'autres que des pièces de rechange, le plus drôle, c'est que dans une machine classique, il ne vous viendrait pas à l'esprit de mettre un rouage à la place d'un interrupteur par exemple : pour des boulons et des vis, on a au moins le respect de les garder à la place pour laquelle ils sont faits, là où ils pourront au moins exprimer le meilleur d'eux-mêmes.

Pour des personnes de chair et d'os, du broyable, du consommable, des gens avec des bras, des jambes, une tête, une âme, un cœur  on prend moins d'égard, on vous déplace au gré des "impératifs" ou de votre sale gueule, ou de l'humeur du moment, ou des ragnagnas du responsable (mâle ou femelle, les ragnagnas ça existe) et on vous mets à une place qui ne vous convient pas, parce que comme tout le monde, vous n'êtes rien de plus, rien de moins, qu'un pion dans un jeu de quilles...

Je refuse d'emblée qu'on me mate, en m'inventant des échecs...

J'y laisserai sans doute quelques plumes, mais j'apprendrai à redéployer mes ailes.

1 commentaire:

  1. je suis super touchée par ce que tu écris et je te reconnais bien là grande femme au grand coeur, mais non tu n'es pas un numéro, tu es toi, et toi qui sais décrypter la vérité, les non dits et les faux semblants, tu sais bien que je dis vrai, t'es cette nana forte pleine d'idées géniales, qui a déjà déployée ses ailes, big love!!! tu sais.
    sincèrement.

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