mardi 22 octobre 2013

Vieille charogne!

Il y a des jours, comme ça, où on regrette de s'être levée, où on se dit vivement ce soir avec l'illusion qu'on arrivera encore à trouver le sommeil.

Ce jour-là, je l'ai vécu il y a peu de temps.

Ce jour-là, j'ai pris en pleine face et comme une grande gifle à laquelle on ne s'attend pas parce qu'on n'a pas fait de bêtise, le fait que je ne suis plus bonne à rien.

Je m'explique : 

Nous avions rendez-vous, notre premier rendez-vous, pour l'adoption.

Comme tout premier rendez-vous, on s'y rend le cœur battant, plein d'appréhension, on essaie de se dire que ça va bien se passer, tout en évitant de se faire trop d'idées afin de ne pas être déçus si ça tourne mal...on joue à l'équilibriste quoi.

Surprise, les interlocutrices sont sympathiques, le rendez-vous se passe bien, jusqu'à une petite phrase à l'arrière goût de ciguë...

" Vous avez l'air motivés, mais je crains fort que votre âge soit un sérieux obstacle à l'adoption, du moins en ce qui concerne la France. "

BOOM!

Je suis une vieille peau.

Alors de là à dire que de la vieille peau à la vieille charogne il n'y a qu'un pas, je vais pencher du mauvais côté et dire tout haut ce que je pense depuis un sacré bout de temps tout bas déjà.

Adopter, c'est un peu passer un permis d'enfant.

On vous jauge, vous écoute, vous passe au tamis, on examine vos restes, parce qu'en général, on n'arrive pas par hasard à la décision d'adopter : cela passe par une grossesse qui se termine mal, voire plusieurs, comme dans mon (dans notre cas, les papas aussi morflent dans ces moments là, faut pas croire, les mamans n'ont pas le monopole) .

Bref, on regarde à la loupe ce qui reste de vous après le tsunami, après Attila, après Hiroshima et tout ce que la Terre a connu de pire, et finalement, on vous dit ou non si vous pouvez adopter.

Je me demande juste...

Elles ont été passées au crible aussi, les mères des petites victimes qui font la une des journaux ces temps-ci?

Certaines avaient de bons congélateurs, d'autres de bons poings, les dernières un compagnon fidèle qui s'est chargé du sale boulot pendant que mesdames pleuraient sur commande devant les journalistes en clamant qu'elles vivaient un calvaire...

Ça leur est venu à l'idée de simplement abandonner leur bambin à une personne "peut-être trop vieille" qui en prendrait soin comme de la prunelle de ses yeux?

Ah ça, on les voit les marches silencieuses, les gens qui marchent avec leurs bougies, comme si ça allait ranimer les pauvres anges qui n'avaient rien demandé.

On en voit d'autres aussi (qui sait, certains défilent peut-être pour l'un et l'autre, même si ça me fait froid dans le dos), mettre la France en sang pour interdire aux gays de se marier, pire, d'avoir des enfants, bah oui, quoi, ils leur feront je ne sais quoi de bien pire que tous ces gentils couples d'allumés qui tuent leurs mômes de sang froid.

Elle est où, l'autre blondasse peroxydée qui défilait en appelant à coup de mégaphone qu'il fallait réviser les lois, que c'était honteux?

La justice, elle existe, c'est même elle qui m'a jeté à la gueule que j'avais quarante-deux ans et que je n'étais plus bonne à rien...

Effectivement, toutes ces "mères exemplaires" qui font la une des journaux sont beaucoup plus jeunes, c'est un fait, mais elles l'ont eu où, elles, leur "permis de materner"?

dimanche 20 octobre 2013

Faux semblants.

Avant de recevoir, il faut savoir donner.

La nature, plus intelligente que nous, le démontre chaque année : si vous voulez une récolte, il faut d'abord semer, être patient, prendre soin des jeunes pousses, puis enfin, vous pourrez admirer le fruit de votre labeur avant de le savourer.

Curieusement, ce que le commun des mortels comprend dans son jardin, il est incapable de l'appliquer dans les relations humaines.

Au lieu de semer, on attend un dû.

Au lieu de donner, on tend la main.

Si vous n'apprenez rien à votre enfant, il ne sera rien de plus qu'un petit animal sauvage.

Tout le monde n'a pas la chance d'être entouré par des proches chaleureux, par une famille unie, il est alors plus difficile de redistribuer ce qu'on ne reçoit pas au quotidien.

La gentillesse, ce n'est pas une maladie honteuse, c'est une denrée rare, précieuse.

Elle a cependant la particularité de s'accroître à mesure qu'on la distribue autour de soi.

Elle se mérite aussi.

Avant de la réclamer, il vous faut apprendre à l'offrir, à l'apprendre aux malchanceux qui ne la connaissent pas.

Attention toutefois à toujours semer avec votre cœur  pas pour recevoir des quelconques "honneurs", pour briller en société.

La vraie gentillesse est discrète, elle s'offre sans papier cadeau étincelant, elle est cachée dans un mouchoir qu'on offre à celui qui pleure, dans une caresse à celui qui perd courage, dans un café réconfortant, dans un effort pour redonner le sourire à une âme en peine.

Elle se fout des "ma chérie", des grand gestes en public pour mieux se moquer des infortunes des voisins.

Ceux qui clament haut et fort être vos amis ne sont pas forcément sincères, et inversement, ceux qui se font discrets vous étonneront parfois de la force avec laquelle ils s'investiront dans votre bonheur.

Aux sales amis, je préfère les gens bons.

Le jeu de mot était facile, mais la phrase reste juste, et tant mieux si ça vous reste en tête.

Comment s'y retrouver alors, me demanderez-vous?

En regardant tout simplement autour de vous : les personnes de valeur sont celles qui ne se fieront pas aux apparences mais à ce que vous cachez dans le fond de votre cœur.

lundi 14 octobre 2013

Bouée divine...

C'était un jour comme un autre, un jour qui n'avait rien de particulier, un samedi vers onze heures, une matinée insouciante dans ma vie de petite fille.

Je me souviens parfaitement de ce moment-là, j'étais au premier étage, dans ma chambre, mes poupées assises sagement attendaient que je leur prépare le repas avec ma dînette, il faut croire qu'à l'époque, j'aimais déjà faire la cuisine.

Je ne prêtais qu'une oreille distraite à la musique qui sortait du poste de radio que ma maman écoutait dans la pièce à côté.

J'étais à des lieues de m'imaginer que j'allais recevoir un cadeau inattendu par ondes interposées.

A l'époque - d'ailleurs, je crois que l'émission existe toujours, même si elle a dû être dépoussiérée depuis - la radio diffusait "Stop ou encore".

J'aimais la musique, comme on aime un amour de vacances, beaucoup, mais à court terme chaque morceau était remplacé par un autre, bien que, pour mon âge, j'avais déjà des goûts bien définis et ils n'allaient pas dans le sens des chansons pour enfants...

J'étais donc là, au milieu de ma chambre, lorsque je fus clouée sur place par les premiers accords d'une chanson.

Je ne sais pas pourquoi, mais l'idée qui m'est venue à l'esprit quand je l'ai entendue fut qu'elle avait été écrite spécialement pour moi, que quelque part, quelqu'un avait soigneusement choisi chaque note, chaque parole juste pour moi.

Pourtant, j'avoue que du haut de mes cinq ans, j'étais loin de comprendre les subtilités de la langue, les nuances des couplets, mais c'était "MA" chanson, ça, j'en était sûre!

Je n'imaginais pas, à l'époque, combien ces quelques notes auraient d'importance à chaque fois que je trébucherais, je n'imaginais pas quelle douceur ce serait de l'écouter lorsque mon cœur serait blessé, lorsque dans ma vie rien n'irait, lorsque les nuits seraient trop longues et les journées difficiles.

Cette chanson-là, ce cadeau, c'est ma bouée, je refuse d'imaginer un instant que c'est un simple hasard qui l'a mise sur mon chemin ce samedi matin de printemps...

C'est un hymne, c'est une main tendue, c'est tout sauf de la musique, c'est mon canot de sauvetage lorsque le Titanic commence à sombrer.

Cette chanson, c'est "Tu verras", promesse du petit taureau toulousain à la gamine que j'étais, à la femme que je suis.

Je l'écoute en boucle en ce moment, c'est sans doute pour cela que j'ai du mal à donner des nouvelles du navire.

Il parait que la quille est touchée, c'est ce que dit mon médecin, mais "tu verras, tu verras, tout recommencera, tu verras, tu verras"...alors j'attends de voir.