Ma mère rentra de
l'hôpital environ deux semaines après l'accouchement. Sans petit frère.
J'étais donc punie, c'était très clair...mais de quoi donc? J'avais
pourtant été sage, moi...mon singe en peluche s'en souvient sans doute,
parce que j'en ai passé des heures à lui en parler...
La seule chose qu'on m'eut dite a l'époque, c'est que je devais être très sage et ne pas embêter maman avec des questions...ah, et puis il fallait aussi rester avec elle, pendant la journée, parce qu'elle pouvait faire des bêtises. Bon, qu'à cela ne tienne, puisque j'étais sensée devenir une grande sœur tôt ou tard, je pouvais bien aussi "garder" ma maman...
C'est vrai qu'elle était un peu bizarre, ça je m'en rappelle bien...elle ne faisait pas les choses comme d'habitude et surtout, elle mettait les objets courants dans des endroits inattendus. Je me souviens avoir sorti le sucrier du frigo des dizaines de fois. Un sucrier ordinaire, en plastique bleu roi...Ça m'avait beaucoup fait rire, la première fois..et puis je me suis habituée.
Par contre, je ne me suis jamais habituée a ce que j'ai entendu un après midi de janvier. Je me rappelle que j'étais allongée sur mon lit et que ma mère est venu s'asseoir près de moi. Elle avait l'air bizarre. Et puis elle a respiré un bon coup, comme quand on doit plonger dans le grand bassin et qu'on hésite entre la peur de manquer d'air et la peur de sauter a l'eau...et puis elle a plongé...et c'est moi qui me suis noyée.
Je n'aurais pas de petit frère. De petits frères, car il y en avait bien deux, mais le premier étant plus faible, il n'avait vécu que quelques heures... Avant d'aller rejoindre les anges, il avait tout de même - à sa façon - fait comprendre aux médecins que quelque chose de grave se passait. On a donc emmené mon deuxième petit frère dans un hôpital spécialisé ou le verdict sans appel tomba comme un couperet: il ne vivrait pas.
Le médecin avait prévenu que dans le "meilleur" des cas, il pourrait survivre un ou peut être même deux mois, mais que de toute façon, ce n'était que reculer une échéance fatale. C'est peut être parce qu'il a compris que mon petit frère a juge mieux de partir plus tôt, avant que des liens ne se créent...il est parti rejoindre son jumeau cinq jours après...
Je ne les ai jamais vus, personne n'a cru bon de m'emmener a l'enterrement... et trente cinq ans après, je suis toujours la à me demander pourquoi on m'avait fait croire aux miracles. Rien n'est jamais acquis...et rien ne comblera jamais ce vide.
C'est drôle, je ne peux jamais repenser a cette époque, à ces moments douloureux, sans repenser a ce sucrier bleu...a vrai dire, après ce jour de janvier, je ne sais pas du tout ce qu'il est devenu...il a du être perdu à un moment ou a un autre...comme mon enfance...
La seule chose qu'on m'eut dite a l'époque, c'est que je devais être très sage et ne pas embêter maman avec des questions...ah, et puis il fallait aussi rester avec elle, pendant la journée, parce qu'elle pouvait faire des bêtises. Bon, qu'à cela ne tienne, puisque j'étais sensée devenir une grande sœur tôt ou tard, je pouvais bien aussi "garder" ma maman...
C'est vrai qu'elle était un peu bizarre, ça je m'en rappelle bien...elle ne faisait pas les choses comme d'habitude et surtout, elle mettait les objets courants dans des endroits inattendus. Je me souviens avoir sorti le sucrier du frigo des dizaines de fois. Un sucrier ordinaire, en plastique bleu roi...Ça m'avait beaucoup fait rire, la première fois..et puis je me suis habituée.
Par contre, je ne me suis jamais habituée a ce que j'ai entendu un après midi de janvier. Je me rappelle que j'étais allongée sur mon lit et que ma mère est venu s'asseoir près de moi. Elle avait l'air bizarre. Et puis elle a respiré un bon coup, comme quand on doit plonger dans le grand bassin et qu'on hésite entre la peur de manquer d'air et la peur de sauter a l'eau...et puis elle a plongé...et c'est moi qui me suis noyée.
Je n'aurais pas de petit frère. De petits frères, car il y en avait bien deux, mais le premier étant plus faible, il n'avait vécu que quelques heures... Avant d'aller rejoindre les anges, il avait tout de même - à sa façon - fait comprendre aux médecins que quelque chose de grave se passait. On a donc emmené mon deuxième petit frère dans un hôpital spécialisé ou le verdict sans appel tomba comme un couperet: il ne vivrait pas.
Le médecin avait prévenu que dans le "meilleur" des cas, il pourrait survivre un ou peut être même deux mois, mais que de toute façon, ce n'était que reculer une échéance fatale. C'est peut être parce qu'il a compris que mon petit frère a juge mieux de partir plus tôt, avant que des liens ne se créent...il est parti rejoindre son jumeau cinq jours après...
Je ne les ai jamais vus, personne n'a cru bon de m'emmener a l'enterrement... et trente cinq ans après, je suis toujours la à me demander pourquoi on m'avait fait croire aux miracles. Rien n'est jamais acquis...et rien ne comblera jamais ce vide.
C'est drôle, je ne peux jamais repenser a cette époque, à ces moments douloureux, sans repenser a ce sucrier bleu...a vrai dire, après ce jour de janvier, je ne sais pas du tout ce qu'il est devenu...il a du être perdu à un moment ou a un autre...comme mon enfance...
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