Toi aussi tu le ressens ce pincement indéfinissable au cœur cette espèce de mal du pays alors que tu n'as envie d'aller nulle part?
A mon âge, on se fait forcément une raison, mais toi, bout de chou, toi qui n'a rien demandé mais qui doit chaque année faire une babiole, un collier de nouilles, une sculpture en terre glaise peinte à la gouache, un cendrier, une broderie, que sais-je?
Toi qu'on pousse sûrement, à coups de mots tendres, à faire "un cadeau pour maman", puis quelques semaines plus tard "un cadeau pour papa", pour faire comme tes petits camarades de classe, comme tu dois les détester ces deux jours là...
Et les anniversaires, les Noëls, les jours sans occasions aussi, le visage souriant qui t'attend à la sortie de l'école, combien de fois l'as-tu cherché vainement dans la foule?
Et quand tu es malade, que tu as peur la nuit? Qui appelles-tu de ta petite voix?
A qui les poses-tu tes questions d'enfant?
Si seulement je pouvais te dire que ta vie ne sera pas toujours comme ça, qu'un jour, nos chemins se croiseront, qu'un jour, tu trouveras ta place, tu viendras compléter à la perfection l'image d'une belle famille, comme une pièce d'un puzzle sans qui rien n'est parfait, rien n'est achevé...
Si seulement je pouvais sécher tes larmes et tenir ta petite main pour te dire, bien au-delà des mots, qu'il faut oser rêver, que sans les rêves, rien ne se passe, rien ne bouge en ce monde.
Rêve de moi comme je rêve de toi, attends ton papa comme il t'attend, ça prendra le temps que ça prendra, mais on se retrouvera, oui, on se retrouvera, parce qu'un jour, j'ai lu qu'on ne rencontrait pas les gens qu'on aime, mais qu'on les reconnaissait.
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