mardi 30 juillet 2013

Un point c'est tout!


A mes amis chers, apostrophes fidèles...



J'aurais pu naître virgule, élancée et espiègle, petit intermède entre deux mots, sieste 
polissonne entre deux tirades, histoire de reprendre des forces.

Ou me parer d'un point en couvre-chef, histoire de me donner des airs, mais le point-virgule est trop indécis pour moi, j'aime mieux les signes bien tranchés.

J'aurais pu choisir d'être deux points, être le mystérieux annonceur des grandes déclarations, celui qui ouvre la bouche des beaux parleurs, qui laisse s'exprimer les cœurs aussi...

Ah, j'aurais pu en clore  des débats, en devenant point... Si petit, et pourtant, si important, celui qui ferme la marche en ne tolérant aucune riposte. La porte close à tout mot superflu.

Multipliez le par trois, et vous entrerez au pays des sous-entendus qui font mal, des non-dits des grands-timides. Mais cela ne me ressemble pas, du moins pas trop...

J'aurais aimé être un point d'interrogation, du moins un instant, pour créer des devinettes, faire naître la curiosité du monde dans la bouche des enfants, mais j'aurais tôt quitté mon rôle avant de devenir le symbole des questions qui tournent dans la tête sans qu'on ait de réponse, un pourquoi lancé en vain face aux injustices du monde.

Le point d'exclamation aurait pu me séduire, avec ses étonnements, ses acclamations, ses surprises, ses cris de joies...mais que dire devant les ordres de guerre, les cris de douleur, la peine qui nous brise le cœur  Ce rôle là, je le laisse à plus solide que moi.

Les guillemets ne me plaisent guère, si futiles qu'ils ne répètent jamais que les paroles des autres, sans jamais dire ce qu'ils ont sur le cœur.

Une parenthèse? Pourquoi pas, mais alors inattendue et joyeuse, un peu de douceur dans un monde de brutes, un arc-en-ciel dans un ciel d'orage, jamais cynique, à dire des mots acides que l'on a oublié en début de phrase.

J'aurais pu caracoler en début de phrase, hautaine et fière, majuscule snobinarde des hautes sphères, qui regarde d'un air pincé ses petites cousines minuscules. Aurait-elle oublié qu'à la phrase suivante elle sera remplacée et aussi vite oubliée?

Non, décidément, tout cela ne me tente pas.

Moi, ce que je rêve d'être, c'est un trait d'union.

Un petit trait, à peine visible, mais un pont entre deux mots, une main tendue, un lien invisible entre deux mondes, deux existences.

Un trait d'union, baguette magique littéraire, étincelle du clavier, là ou tout commence, surtout les belles histoires...

2 commentaires:

  1. Une réussite que cette page, j'adore !!!

    J'aime beaucoup ce tiret... et, tu vois, je crois que je suis souvent ces points de suspension, non pour faire du mal, mais parce que j'hésite trop souvent entre mes possibles.

    En tout cas, ta page est une merveille pour ceux qui ne savent pas utiliser ces signes que l'on a offerts à l'écrivain pour dire ce que les mots ne savaient pas exprimer.

    Merci !

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